Publié par Cover Guitarra en janvier 2009.
Merci à Irina d'Almah Russia pour le lien et la traduction anglaise !
Cover Guitarra : J’ai été impressionné d’entendre ce lien entre vous deux, surtout dans les morceaux « Birds Of Prey » et « Meaningless World ». Comment avez-vous décidé « quand chacun joue » dans chaque morceau ? L’avez-vous fait de manière intuitive ou bien chaque harmonie a été analysée dans le but d’éviter la répétition ?
Marcelo : cette division est venue assez naturellement, nous n’avons eu aucune difficulté. L’intuition, le bon goût et la sensibilité ont été les facteurs qui nous ont guidé pour prendre ce genre de décision. Rapidement, c’est devenu très clair à propos de qui allait jouer quoi. Dans Almah, nous n’avons pas de guitariste principal et un second guitariste, à l’instar de nombreux autres groupes. Nous avons tous deux suffisamment assez d’espace et de pouvoir pour prendre les décisions. Même si nous avons appris à nous connaître l’un l’autre seulement pendant le processus de production de l’album, nos liens, à la fois musicaux et personnels, se sont tissés rapidement. Bien sûr, cela influence la musique que nous jouons. Ce qui est intéressant, c’est que nous avons connu les autres avec Paulo peu de temps avant l’enregistrement, mais dans les derniers jours que nous enregistrions les solos de guitares, Felipe et Edu pouvaient entendre mon solo dans un morceau et penser que c’était celui de Paulo et l’inverse, écouter le solo de Paulo dans un autre morceau et penser que c’était le mien. Edu a dit en blaguant comme d’habitude, que nous avons rejoint le groupe ensembles et que nous sommes devenus un seul guitariste. Je prends ça comme un compliment. Sans ce respect et cette admiration réciproque nous n’aurions jamais pu atteindre ce résultat.
Paulo : Malgré nos différents styles, tout était bien équilibré. Je crois que Marcelo et moi apprenons beaucoup l’un de l’autre, que ce soit avant ou après cet album et cela rend notre collaboration encore plus saine et utile. Nous avons une compréhension complète de quel espace peut avoir chacun de nous dans chaque morceau et nous divisons cet espace de manière très raisonnable. Nous avons une sorte d’admiration mutuelle et de respect avant tout, qui est le facteur déterminant pour la collaboration dans un groupe.
Cover Guitarra : Comment chacun de vous a reçu l’invitation à se joindre au groupe ? Dans quelles circonstances cela est arrivé ?
Marcelo : Pour moi, c’était en août 2007. Almah faisait une tournée pour promouvoir la sortie de son premier album en ayant dans son line-up tous les membres d’Angra sauf Kiko (Loureiro) et Rafael (Bittencourt), mais avec Edu Ardanuy à la guitare. Juste au début de la tournée, Edu a dû quitter le groupe en raison de la tournée de son groupe principal Dr Sin. Il a indiqué mon nom pour son remplacement, et comme les fans d’Angra avaient déjà entendu parler de moi à cause de Khallice, ils ont décidé de m’appeler pour rejoindre le groupe. Je suis entré dans le groupe 10 jours avant le premier show et nous avons fait seulement deux répètes. J’étais très étonné, mais j’ai accepté de relever le défi, croyant dans la grande opportunité qui m’était donnée. En plus d’être un grand défi, c’était une grande responsabilité parce que j’étais à ce moment là le remplaçant de trois grands noms de la guitare nationale : Kiko, Rafael et Edu. Nous avons terminé la tournée (15 shows si je ne m’abuse) début novembre, et après quelques changements de line-up dans le groupe en janvier 2008, Edu Felipe et moi avons commencé à travailler sur la pré production de Fragile Equality.
Paulo : Il était nécessaire d’avoir un guitariste en plus dans le groupe en raison du changement de style entre le premier et le second album. Je connaissais déjà Marcelo (Moreira, batteur d’Almah) depuis quelques années, et il a parlé de moi à Edu Falaschi et j’ai passé quelques tests pour finir les arrangements de deux morceaux – Meaningless World et Magic Flame. J’ai créé quelques phrasés et parties de ces morceaux. C’était un vrai marathon, car Edu est un véritable drogué du travail. Je me rappelle que nous avons travaillé pendant 15 heures (plus ou moins) par jour sur ces morceaux, nous dormions juste un peu avant de recommencer à nouveau. Après avoir été approuvé par le reste du groupe et l’avoir rejoint officiellement, j’ai passé deux semaines de plus à faire les arrangements définitifs. Tout était nouveau pour moi, tout est arrivé très vite, mais j’ai été très heureux du fait qu’après tant d’années mon travail a été reconnu par ces personnes, et dans ces circonstances, quand le CD devait être bientôt prêt.
Cover Guitarra : Une autre chose qui m’a beaucoup impressionné est le son des guitares. Comment l’avez-vous obtenu ? Comment avez-vous cherché et obtenu un son plus rude mais « organique » en comparaison, par exemple, avec le son d’Angra ?
Marcelo : Avant d’en arriver à cela, nous avons eu quelques impasses. Certains voulaient un son plus heavy métal traditionnel. Paulo et moi avions envie d’essayer quelque chose de différent, qui pourrait bien sonner mais qui ne serait pas nécessairement ce qui se fait dans 90% des groupes. Nous voulions arriver à un terrain d’entente et ça nous a donné une direction. Après de nombreuses conversations, nous sommes arrivés à un compromis, à un mix entre deux sons de guitares distincts, d’où le son que nous avons, que l’on peut entendre sur l’album. Nous voulions faire un CD heavy, avec un son de guitare puissant et défini, mais à la fois avec sa propre identité. Je suis très heureux du résultat. L’expérience qu’Edu et Felipe avaient en tant que producteur nous a beaucoup aidée, en particulier au niveau du mixage. Après que tout ai été enregistré, pendant le mixage chaque instrument a été mis au même niveau que les autres, et atteindre l’équilibre entre tous ces sons est un véritable art.
Paulo : Nous étions entre un son traditionnel de Mesa Boogie et Marshall. Nous nous sommes retrouvés avec la possibilité d’avoir un son hybride parce que nous voulions que cela sonne aussi différemment que possible d’avec ce qui se fait dans le style, pour des motifs évidents, pour éviter les similitudes avec Angra autant que possible, malgré le fait que ces comparaisons soient inévitables. En outre, parmi toutes les possibilités le son devait nous donner notre propre identité. Ce qui est devenu clair aussi avec les solos, parce que chacun a simplement voulu respecter le son, le goût et l’empreinte de l’autre.
Cover Guitarra : Comment avez-vous été impliqués dans le processus d’écriture ?
Marcelo : C’est une bonne question. Je suis de Brasilia, et Paulo et Moreira sont de Caixas Do Sul, Edu et Felipe sont de Sao Paulo, nous nous sommes donc arrangés pour nous réunir, parfois à Sao Paulo, parfois à Brasilia pour la composition et la pré production. Au début, il n’y avait que Edu, Felipe et moi. Puis Moreira est entré dans le groupe et a rejoint les sessions. Enfin, Paulo est arrivé. Bien que nous soyons déjà dans la dernière ligne droite à ce moment là, Paulo a été très important pour l’ensemble du processus, parce qu’il est arrivé avec beaucoup d’idées sympas et il a grandement contribué à la finition de certains morceaux et aussi à la composition de certains autres. Je ne peux pas ne pas mentionner le fait qu’ Edu a eu beaucoup d’idées utiles, mais peu importe quel nom est sous chaque morceau, chacun de nous a été impliqué dans l’ensemble du processus, donnant son point de vue concernant les arrangements, changeant l’harmonie ou un riff de guitare. La géographie des membres du groupe a rendu la chose un peu difficile, mais finalement cela a fonctionné et le CD n’a pris que 6 mois pour être prêt. En tenant compte de tout – la composition, l’arrangement, la pré production, l’enregistrement, le mixage et le mastering, nous pouvons dire qu’un CD n’ jamais été fait si rapidement. (Rires).
Paulo : J’ai passé deux semaines à finir les arrangements chez Edu. C’était quand le morceau « Birds Of Prey » est arrivé. Je me souviens qu’Edu est arrivé avec l’idée de cette chanson enregistrée sur son iPod, il a même chanté le riff d’ouverture, et la chimie était tellement forte, que le morceau est apparu en seulement quelques heures. Je suis très fier d’avoir composé la partie instrumentale du milieu. Quelques temps après, nous étions déjà en studio, nous l’avons augmenté d’un tiers et avons divisés les solos. La base de certains morceaux, comme Beyond Tomorrow, est très simple, et nous avons travaillé les morceaux et la mise en place selon notre goût. En ce qui concerne les solos nous étions totalement libres, nous avons essayé d’utiliser des choses pas très communes pour le style, et nous sommes vraiment satisfaits du résultat final.
Cover Guitarra : Quelles sont les principales leçons que vous avez tirées pendant le travail en studio, concernant le son et l’enregistrement des guitares ?
Marcelo : J’avais déjà eu une bonne expérience du travail en studio, mais pas la même qu’Edu et Felipe. La chose la plus intéressante a été l’opportunité qui m’a été donnée de voir qu’il y a plusieurs manières de produire quelque chose, pour parvenir à un bon résultat. La méthode qu’ils utilisent est très différente de celle à laquelle je suis accoutumée, mais je croyais en l’expérience heavy métal de ces personnes et les résultats ont été excellents. Il n’y a pas de méthode révolutionnaire pour enregistrer et sonner. Quant à moi, les principaux enseignements sont du point de vue personnel et relationnel. Nous avons passés des jours enfermés les uns et les autres en studio, enregistrant du lundi au lundi, principalement de midi jusqu’à minuit. Nous étions très fatigués, mais cela valait la peine. Avant tout, je crois qu’après cet enregistrement je suis devenu un meilleur guitariste autant techniquement qu’au niveau des exigences de production.
Paulo : La principale leçon a été pour moi le niveau de distorsion que j’ai utilisé pendant l’enregistrement. Maintenant je joue avec un son avec moins de disto, mais plus lourd qu’auparavant. En outre, même si j’avais déjà une certaine expérience du studio, elle n’était pas de ce niveau, parce cette fois il fallait tout faire parfaitement.
Cover Guitarra : Marcelo, quelle est la situation actuelle avec Khallice ? Vas-tu continuer comme membre du groupe ou considères-tu Almah comme une priorité ?
Marcelo : Je continue en tant que membre du groupe, nous devons jouer avec Symphony X ici à Brasilia (l’interview a été réalisée en septembre 2008). Khallice est un projet que j’ai créé alors que je n’étais encore qu’un adolescent et est très spécial pour moi. Nous avons sorti notre premier CD sur Magna Carta, un EP avec six morceaux au premier semestre de cette année et nous avons besoin de temps pour finir notre deuxième album, qui devrait sortir début 2009. Mais tout dépend du calendrier d’Almah l’année prochaine. Pour être honnête, je dois maintenant considérer Almah comme étant ma priorité, parce qu’il ne sert à rien d’être partout d’investir du temps, du dévouement, de l’argent, si vous n’êtes pas en mesure de tout faire. Je crois beaucoup en Fragile Equality, Almah est dans une très bonne période avec beaucoup de bonnes choses, qui peuvent arriver. Tout va vraiment bien et nous nous sentons très bien. Ainsi, C’est le moment de travailler afin de rendre toutes choses possibles. Nous avons un excellent produit dans les mains et nous devons travailler pour lui, le promouvoir, et c’est exactement ce que je fais en ce moment. Dieu merci, mes partenaires de Khallice comprennent totalement. Quand ils étaient ensembles pendant l’enregistrement à Sao Paulo sur quelques jours, nous avons commencé à tisser des liens d’amitié avec les mecs d’Almah. Quand nous nous rencontrons, que ce soit à Sao Paulo ou à Brasilia, nous faisons toujours une grande fête ensembles.
Cover Guitarra :Est-ce qu’Almah est un vrai groupe avec son propre chemin, un solide line-up ou bien est-ce juste le projet solo d’Edu, dans lequel toutes les décisions sont de son fait ?
Marcelo : Almah s’est transformé en un véritable groupe. Nous vivons et prenons les décisions les plus importantes d’une manière démocratique, dans la plupart des cas. Il est clair que dans la mesure où Edu a déjà eu des contrats avec des labels et des producteurs internationaux pour le premier album, beaucoup de choses sont entre ses mains, mais nous avons confiance en son expérience dans ce marché. Il discute toujours des options et de l’attitude à prendre avec tout le monde. Nous avons une entreprise, No Laço Music, dans laquelle nous sommes tous égaux en ce qui concerne nos droits et nos obligations. Nous savons que ce n’est pas facile de garder cet « équilibre » - nom de notre album – mais notre intention est d’avoir quelque chose de cool pour chacun de nous cinq, tant du point de vue artistique que du point de vue financier. C’est clair parce que personne ne vit que par les rêves.
Cover Guitarra : Ne ressens-tu pas une certaine gêne à travailler avec deux musiciens qui ont une plus grande expérience du point de vue marketing, comme Edu et Felipe ?
Marcelo : Je ne pense pas que l’on pourrait appeler ça de « l’embarras ». Pour être honnête, je suis très heureux de tout ce qui se passe dans le groupe et avec le fait d’être là. Je continue à penser que le groupe est un mariage de cinq (dans notre cas) personnes. C’est de notoriété publique qu’à certains moments, ce n’est pas facile du tout de garder des relations saines avec juste une personne. Alors imagine comment cela peut être avec cinq personnes, chacun ayant sa propre expérience, sa propre culture – ou absence de culture (rires) – ses propres valeurs, et ils doivent co-exister un seul lieu, faire des choix, prendre des décisions, qui les affectent tous. En ce qui concerne le fait d’avoir Edu et Felipe dans le groupe, il y a des moments de désaccords, mais rien de plus que ce qui peut se produire dans un autre groupe. L’important est de mettre son ego de côté, pour être en mesure de parler, d’entendre et d’avoir un bon feeling pour choisir le meilleur chemin pour le groupe, et non pour soi-même. Et tout va dans ce sens. Je pense que, l’expérience que nous avons dans d’autres groupes nous aide à éviter certaines erreurs. Nous travaillons de la manière la plus appropriée je pense."